#J'AI FAIT UN RÊVE, par Annie Fuselier

J’ai fait un rêve.

A partir de quelques éléments d’un rêve (une ambition, un voyage, un défi…) que vous avez atteint, ou que vous auriez aimer assouvir, décrivez ce rêve comme s’il était arrivé à quelqu’un d’autre.

J’ai fait un rêve, 13 mars 2020

En la regardant sur la scène, avant le début du concert, je pense à ce que m’a raconté ma petite fille, Alicia, cet après-midi. « Tu sais, à l’école de musique, on s’amuse bien, surtout pendant les cours de solfège. Le solfège ça nous barbe un peu mais avec les copines on en profite pour bavarder. L’autre jour, au lieu de déchiffrer notre morceau, on s’amusait à compter les taches de rousseur sur nos bras ! Evidemment, quand le prof nous a interrogées, il a fallu improviser. C’était pas triste ! Monsieur Bémol a bien vu qu’on n’avait pas répété. Des fois, il se fâche mais, dans le fond, je crois qu’il nous comprend un peu. En revanche, pendant les classes d’instruments on est plus sage. Là pas question de rigoler ! Alors on se concentre plus. Ma copine Charlotte joue du piano. Avec elle et mon violoncelle, on joue en duo pour les auditions. C’est trop cool ! Et puis, j’aime sentir les vibrations du violoncelle contre mes genoux. Là j’oublie tout !»

Ce soir, Alicia joue un extrait du Printemps de Vivaldi. Elle semble avoir fait le vide autour d’elle. Elle donne l’impression de se retrouver dans un jardin extraordinaire. C’est comme si, assise au pied d’un arbre, elle se mettait à animer le paysage de sons légers et joyeux. Au rythme de la musique, les branches se transforment en silhouettes d’animaux. Un oiseau mythique se fond dans les rameaux supérieurs. Tout l’univers se met en harmonie avec Vivaldi. Les planètes virevoltent autour des nuages. De tendres couleurs font écho à cette partition consacrée au renouveau de la saison, pleine de douceur. Le visage de la petite violoncelliste semble absorbé par la musique. Son front se plisse parfois, avant de se détendre sur l’accord suivant.

Ses longs cheveux roux suivent le mouvement de ses épaules. Elle vit sa musique comme dans un rêve qui lui donne des ailes et dans lequel tout est possible. Son bras droit manie l’archet avec souplesse, sa carrure prend de l’ampleur, elle s’impose sur le devant de la scène. En fait c’est là qu’elle a rêvé d’être. Jusqu’où ira-t-elle ? Je sais qu’elle a l’ambition de devenir chef d’orchestre. Vaste programme ! Qu’est-ce qui la pousse dans cette direction ? La musique elle-même, tout simplement ? Ou bien est-ce l’illusion de pouvoir de maîtriser le monde, de faire marcher les autres à la baguette ? Perspective grisante, sans doute !

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