#4-12-20, un scénario, un texte, par Geneviève Dabet

Le square

L'heure tourne et rien ne se passe, le square est quasiment vide. Je regarde le banc d'en face à la dérobée. Elles sont toujours là en train de parler. Claire et Sophie.

Je déteste les squares, les jardins, la campagne et toutes les plantes vertes. Je me sens bien dans les bars, tapi dans la masse, fondu dans le brouhaha, anonyme, un parmi les autres.

La fontaine au milieu du square est d'une désolation infinie, cette femme de pierre, nue, allongée dans l'eau stagnante me donne des frissons.

Dix heures, les filles s'agitent, surtout Sophie ; Claire essaie de la calmer. Claire, ma petite créole chérie au teint mordoré comme une pocanelle prête à déguster. Ses cheveux frisés ramassés en une grosse boule noire tel un chapeau d'ébène, ses longues jambes de joggeuse et son rire de vamp me rendent fou d'elle.

Toute en contraste, Sophie, une blondeur nordique, un corps parfait moulé dans un justaucorps en cuir noir, fait tinter bruyamment ses longs pendentifs dorés. Elle s'énerve, secoue négativement la tête à plusieurs reprises.

Une femme passe un chien en laisse, faussement étonnée elle prend discrètement une photo des filles et s'éloigne à pas mesurés sans se retourner. Etait-ce prévu ? On ne m'a rien dit.

Je tâte ma poche de jean, oui, c'est bon.

Le square est toujours aussi silencieux. Cette verdure me déprime.

Ah, ça s'agite sur le banc : Sophie se lève pour partir, Claire bondit brusquement et lui attrape le bras. Sophie, brutale, se dégage et s'en va rapidement. Le visage apeuré, l'air hagard, elle pleure, son maquillage lui brouille le teint. Elle reste encore belle.

Claire est figée, immobile, elle n'a rien pu faire.

Je me lève à mon tour, il est dix heures quinze, je suis calme, je rejoins Sophie à grands pas, les mains dans les poches...

À moi de jouer.

Écrire un texte littéraire à partir d’un scénario

Comme vous le savez, le scénario est une forme d’écriture particulière, qui permet de raconter l’histoire d’un film ou d’une série, avec une découpe de chaque scène, chaque plan.

Par définition, il est très concis, et ne décrit que l’action des personnages, dans un lieu donné, et les dialogue quand il y en a.

A partir du scénario proposé, je vous demande d’écrire la scène qui est décrite.

Puisqu’il n’y a pas de dialogue dans cet extrait, il ne doit pas y avoir de dialogue dans votre texte. Mais vous pouvez, pour raconter cette micro histoire, utiliser le point de vue du personnage que vous voulez, Claire ou Sophie, ou la femme au chien, ou celui d’un narrateur extérieur.

Vous devez ajouter des descriptions des lieux ou des personnages, les pensées du narrateur ou de la narratrice, et tout ce qu’il vous plaira, pour faire de cette histoire un texte « littéraire » et non plus la simple description d’une succession d’actions.

A vos plumes, à vos claviers…

Séquence 1 / EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN LARGE

Sophie et Claire sont assises sur un banc. Elles discutent sans que l’on entende ce qu’elles se disent. Puis Sophie s’agite et gesticule. Claire semble vouloir l’apaiser.

Une femme qui promène son chien en laisse les observe un instant, interloquée, puis passe son chemin.

Séquence 2 / EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN RAPPROCHÉ

Sophie se lève et fait mine de partir. Claire se lève à son tour et dans le même mouvement attrape Sophie par le bras. Sophie se dégage, elle part en marchant vite (face caméra).

Séquence 3 /EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN RAPPROCHÉ VISAGE DE SOPHIE.

Sophie pleure.