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4-12-20, un scénario, un texte, par Marie-Françoise Chabin

  • Photo du rédacteur: Atelier d'écriture
    Atelier d'écriture
  • 31 déc. 2020
  • 3 min de lecture

Discorde sur le banc

C’est dans un jardin public que j’ai vu Claire pour la dernière fois, dans «notre» jardin public, sur «notre» banc…

C’était un matin de novembre. Un pâle soleil éclairait les feuilles mortes que des bourrasques nocturnes avaient éparpillées un peu partout, y compris sur l’aire de jeu des enfants. Cette aire, nous la connaissions bien, car c’est ici que, toutes petites filles alors, nous nous étions rencontrées de nombreuses années plus tôt. Nous avions le même âge, une authentique amitié avait peu à peu grandi entre nous et, bien qu’ayant depuis fort longtemps déserté les toboggans, nous avions pris le pli de nous retrouver ici régulièrement, toujours sur le même banc.

J’avais suivi avec succès une formation de décoratrice d’intérieur et, quelques semaines auparavant, j’avais proposé à Claire, qui, elle, s’y connaissait en marketing, de nous associer dans une petite entreprise. Elle avait semblé enthousiaste et nous devions nous revoir ce matin-là pour finaliser le projet, assises sur «notre» banc.

Je la revois si nettement, mon amie Claire, teint mat et cheveux bruns coupés à la garçonne, si menue dans sa doudoune bleue, si détendue lorsqu’elle m’annonça que, finalement non, elle n’était plus partante car, après réflexion, elle n’avait pas envie de bosser comme une folle pour gagner des clopinettes.

Je me suis assez vite énervée, l’accusant de paresse et d’instabilité.

Une femme d’un certain âge qui promenait son chien passa lentement près de nous en nous observant à la dérobée. Je me suis vue à travers son regard étonné, moi, Sophie, teint rose et queue de cheval blonde, dans mon élégant manteau beige, en train de gesticuler comme une folle, et je me suis brusquement tue.

Ce fut là que Claire, me croyant calmée, m’asséna le coup de grâce. En fait, elle venait d’acheter des «bitcoins», c’est-à-dire de l’argent numérique, avec la somme que je lui avais confiée pour notre affaire, en gros toutes mes économies. Le pécule était bloqué pour deux ans, mais, pas de souci, nous allions en récupérer le double à la fin, et sans nous fatiguer en plus, c’est du moins le discours qu’elle me chanta!

Effarée, je me levai. Elle aussi se mit debout en s’accrochant à mon bras tout en continuant à divaguer. Je me dégageai brutalement et la plantai là.

En franchissant le portillon du square, je sentis des larmes couler sur mes joues. Je pleurais autant notre amitié perdue que mes espérances envolées et, tout en m’éloignant le plus rapidement possible, je me jurai de ne plus remettre les pieds dans le square de notre enfance.





Écrire un texte littéraire à partir d’un scénario

Comme vous le savez, le scénario est une forme d’écriture particulière, qui permet de raconter l’histoire d’un film ou d’une série, avec une découpe de chaque scène, chaque plan.

Par définition, il est très concis, et ne décrit que l’action des personnages, dans un lieu donné, et les dialogue quand il y en a.

A partir du scénario proposé, je vous demande d’écrire la scène qui est décrite.

Puisqu’il n’y a pas de dialogue dans cet extrait, il ne doit pas y avoir de dialogue dans votre texte. Mais vous pouvez, pour raconter cette micro histoire, utiliser le point de vue du personnage que vous voulez, Claire ou Sophie, ou la femme au chien, ou celui d’un narrateur extérieur.

Vous devez ajouter des descriptions des lieux ou des personnages, les pensées du narrateur ou de la narratrice, et tout ce qu’il vous plaira, pour faire de cette histoire un texte « littéraire » et non plus la simple description d’une succession d’actions.

A vos plumes, à vos claviers…

Séquence 1 / EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN LARGE

Sophie et Claire sont assises sur un banc. Elles discutent sans que l’on entende ce qu’elles se disent. Puis Sophie s’agite et gesticule. Claire semble vouloir l’apaiser.

Une femme qui promène son chien en laisse les observe un instant, interloquée, puis passe son chemin.

Séquence 2 / EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN RAPPROCHÉ

Sophie se lève et fait mine de partir. Claire se lève à son tour et dans le même mouvement attrape Sophie par le bras. Sophie se dégage, elle part en marchant vite (face caméra).

Séquence 3 /EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN RAPPROCHÉ VISAGE DE SOPHIE.

Sophie pleure.

 
 
 

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