#4-12-2020, un scénario, un texte, par Agnès de La Vaissière
- Atelier d'écriture
- 31 déc. 2020
- 3 min de lecture
Comme tous les après-midi lorsqu'il fait beau je traverse le parc Darcy. Ses bancs me sont familiers et je connais bien son histoire.
Je suis donc assis, les années ont passées, ces poses me conviennent.
Sur ma droite l'ours ( il est une copie ) de Pompon, sculpteur animalier bourguignon, mais pas que, car il était le praticien de Camille Claudel qui, on le sait, n'a jamais sculpté des animaux.
Sur ma gauche, le bassin avec sa cascade « néo-renaissance » que je trouve de mauvais goût, et plus en hauteur l'œuvre de Darcy ( dcd en 1858), hydrogéologue, novateur qui a crée ce château d'eau qui alimente aussi le jet d'eau de la place Wilson. On peut encore visiter l' infrastructure,
Ce jardin peu fréquenté par les enfants mais bien occupé par des jeunes en déshérence, bruyants et souvent alcoolisés.
En face de moi deux jeunes femmes qu'il me plaît de nommer par deux prénoms qui me sont chers : Sophie et Claire. Elles parlent avec véhémence, je ne comprend pas ce qu'elles se disent. L'une disons Sophie se lève et tout en essayant de la retenir, Claire se lève à son tour. Est-ce une scène de jalousie ? Le ton monte, ont-elle un différend familial ? Au même moment une dame bon chic bon genre promène son caniche, elle marque un temps d'arrêt, étonnée comme moi par cette violence à peine contenue, mais elle poursuit son chien en direction de « La Cloche ».
Il se passe quelque chose, Sophie se dégage et vient dans ma direction. Je suis bien placé pour la voir, mon grand âge me permet cette immobilité et sans être voyeuriste, je regarde ce visage bouleversé. Est-ce de la colère qui trouble ses traits? Ses sentiments semblent partagés, Sophie pleure mais son visage est empreint de violence que l'on remarque par le froncement de son front, une contracture du visage, ses larmes sont comme une douceur qui appellent à la compassion, elle m’émeut. Je suis perplexe, ce visage si proche et inconnu me touche plus que de raison. Deux images se superposent : ma petite Sophie, étudiante parisienne, si proche et si lointaine et ce visage inconnu : trouble des sentiments et de la mémoire...
Ma vacuité physique et psychique me laissent imaginer quelques possibles origines de cette souffrance, mais je reste sans réponse. Sophie cache son visage dans son mouchoir. Elle me touche, je m'imagine la consolant ; non ce n'est pas mon problème.
Je reprends ma traversée du parc le cœur rempli de ce drame auquel je n'ai pas accès mais qui va occuper mes pensées. La solitude laissant libre cet espace intérieur ou l'Autre entre sans le savoir et laisse une trace fugace, où mon imaginaire va s'engouffrer et me gardera vivant pour quelques temps encore.
Écrire un texte littéraire à partir d’un scénario
Comme vous le savez, le scénario est une forme d’écriture particulière, qui permet de raconter l’histoire d’un film ou d’une série, avec une découpe de chaque scène, chaque plan.
Par définition, il est très concis, et ne décrit que l’action des personnages, dans un lieu donné, et les dialogue quand il y en a.
A partir du scénario proposé, je vous demande d’écrire la scène qui est décrite.
Puisqu’il n’y a pas de dialogue dans cet extrait, il ne doit pas y avoir de dialogue dans votre texte. Mais vous pouvez, pour raconter cette micro histoire, utiliser le point de vue du personnage que vous voulez, Claire ou Sophie, ou la femme au chien, ou celui d’un narrateur extérieur.
Vous devez ajouter des descriptions des lieux ou des personnages, les pensées du narrateur ou de la narratrice, et tout ce qu’il vous plaira, pour faire de cette histoire un texte « littéraire » et non plus la simple description d’une succession d’actions.
A vos plumes, à vos claviers…
Séquence 1 / EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN LARGE
Sophie et Claire sont assises sur un banc. Elles discutent sans que l’on entende ce qu’elles se disent. Puis Sophie s’agite et gesticule. Claire semble vouloir l’apaiser.
Une femme qui promène son chien en laisse les observe un instant, interloquée, puis passe son chemin.
Séquence 2 / EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN RAPPROCHÉ
Sophie se lève et fait mine de partir. Claire se lève à son tour et dans le même mouvement attrape Sophie par le bras. Sophie se dégage, elle part en marchant vite (face caméra).
Séquence 3 /EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN RAPPROCHÉ VISAGE DE SOPHIE.
Sophie pleure.
Comments