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#4-12-2020, un scénario, un texte, par Alain Marchand

  • Photo du rédacteur: Atelier d'écriture
    Atelier d'écriture
  • 31 déc. 2020
  • 3 min de lecture

Rupture


Dans le jardin public, qui ferme ses portes chaque soir quand le jour ne laisse plus vivre les ombres, Sophie paraît une poupée brillante de clarté qui s’admire comme telle et que les regards surpris accompagnent volontiers. Mille souvenirs la baignent dans son enfance. Mince, plutôt grande, les joues à peine rondes et des yeux aux cils mobiles et longs autour de lèvres un peu gonflées. Sophie aimaient ses poupées bien sur, comme beaucoup d’enfants, mais elle s’impatientait pourtant d’être vieille pour devenir adulte. Sauf qu’un jour elle s’est acceptée comme étant une poupée. Est-ce son miroir qui lui apprit que le visage des jouets qu’elle câlinait lui ressemblait ? Est-ce l’éternelle sentence « Tu es belle comme une poupée » qui devint une réalité ? Peut-être les deux. Rien n’avait changé dans ce qu’elle pensait mais elle se comportait désormais à l’image de ses poupées.

En compagnie de sa copine Claire de Chanteloup, au physique rugueux et solide d’une campagnarde, elles s’accordent depuis toujours, c’est à dire depuis leur entrée en sixième, un après midi pour elle seules. Sans raison, sans but et aux dépends de toute autre activité ou amis. Aujourd’hui, comme à chaque rencontre, elles rient, se taisent, fouillent leur sac, se serrent les mains, se lèvent, se rassoient, changent de banc et font des gestes qui miment ce qu’elles racontent ou revivent.


Cette fois pourtant une passante s’arrête à leur hauteur et semble vouloir les écouter tant le ton des voix et les gesticulations se sont intensifiées. C’est Sophie qui moleste ses bras ou se prend la tête à deux mains. Elle parle fort, pleure probablement, sans doute consolée par Claire qui ne paraît guère mesurer l’intensité de ce chahut dans l’âme de sa comparse.


La passante hausse les épaules et reprend sa promenade quand se font entendre les pleurs du bébé que le déplacement de la poussette ne berce plus. Encore une dispute tellement habituelle dans les parcs et les jardins !

Sophie s’est éjectée du banc et s’en va vers la sculpture de l’entrée du jardin, vite retenue par les mains de son amie. Mais son visage éploré, ridé, martyrisé occupe l’espace entier. Où qu’on tourne les yeux on ne voit plus que lui. À l’écoute du récit de plus en plus secoué de sanglots et de cris que lui faisait Sophie, Claire n’imaginait pas qu’un tel ravage puisse un jour enlaidir sa camarade.


Hier, le petit chat blanc qui se promenait dans son immeuble est mort. Égorgé. Sophie l’a ramassé alors que ses dernières secondes n’étaient plus qu’un feulement de peur. Qui pouvait receler autant de sauvagerie parmi les habitants de son immeuble ? C’était fini. Le miaulement qui accompagnait les caresses de Sophie venait d’être assassiné. La révolte n’en finissait pas de tordre ses joues et la poupée qu’elle était se transformait en sorcière.


Son enfance venait de s’enfuir et ne reviendrait plus.







Écrire un texte littéraire à partir d’un scénario

Comme vous le savez, le scénario est une forme d’écriture particulière, qui permet de raconter l’histoire d’un film ou d’une série, avec une découpe de chaque scène, chaque plan.

Par définition, il est très concis, et ne décrit que l’action des personnages, dans un lieu donné, et les dialogue quand il y en a.

A partir du scénario proposé, je vous demande d’écrire la scène qui est décrite.

Puisqu’il n’y a pas de dialogue dans cet extrait, il ne doit pas y avoir de dialogue dans votre texte. Mais vous pouvez, pour raconter cette micro histoire, utiliser le point de vue du personnage que vous voulez, Claire ou Sophie, ou la femme au chien, ou celui d’un narrateur extérieur.

Vous devez ajouter des descriptions des lieux ou des personnages, les pensées du narrateur ou de la narratrice, et tout ce qu’il vous plaira, pour faire de cette histoire un texte « littéraire » et non plus la simple description d’une succession d’actions.

A vos plumes, à vos claviers…

Séquence 1 / EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN LARGE

Sophie et Claire sont assises sur un banc. Elles discutent sans que l’on entende ce qu’elles se disent. Puis Sophie s’agite et gesticule. Claire semble vouloir l’apaiser.

Une femme qui promène son chien en laisse les observe un instant, interloquée, puis passe son chemin.

Séquence 2 / EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN RAPPROCHÉ

Sophie se lève et fait mine de partir. Claire se lève à son tour et dans le même mouvement attrape Sophie par le bras. Sophie se dégage, elle part en marchant vite (face caméra).

Séquence 3 /EXTÉRIEUR JOUR - UN JARDIN PUBLIC - PLAN RAPPROCHÉ VISAGE DE SOPHIE.

Sophie pleure.


 
 
 

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