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#ATELIER #BARBE BLEUE, "Madame Hitler ", par Agnès de la Vaissière

  • Photo du rédacteur: Atelier d'écriture
    Atelier d'écriture
  • 12 avr. 2020
  • 3 min de lecture

MADAME HITLER

Eva, oui, je m'appelle de ce prénom germanique ; je suis la maîtresse d'un grand homme, en tout cas il le croit. Nous habitons une maison immense juchée sur une montagne, un vrai nid d'aigle. Il n'y a pas d'aigle, mais beaucoup d'hommes habillés de vêtements militaires couleur « caca d'oie », permettez moi l'expression.

Je ne rencontre que très peu ces individus, sauf les plus gradés qui boivent le champagne avec nous sur la terrasse d'où la vue est magnifique. Je suis isolée, heureusement qu'il y a le chien pour me distraire,

Mon homme, comment faut-il l'appeler, nous ne sommes pas mariés ?

Mon amoureux ? J'en doute, il est gentil, mais un peu faiblard pour la chose. Pour soigner ses troubles, il avale des tas de potions, enfin vous l'aurez compris, il est hypocondriaque ; il avale des drogues qu'il voudrait stimulantes et qui le mettent de mauvaise humeur, et plutôt déprimé. Il pense trop. Il veut créer un monde nouveau. Mais je sais d'où il vient : il a raté son examen d'entrée aux beaux-arts et ne s'en est jamais remis. Lui qui se croyait un artiste avec ses cartes postales...

Sa famille n'était pas riche et sa grand mère, brave femme, avait des origines qu'il reniait, quoique très honorables. Il avait des idées bizarres ; il partageait le monde en deux, les aryens et les autres qu'il condamnait.

Connaissant tous ses défauts, je l'aime et pourtant je me sens seule,

Un jour où je me décide, je vais entrer dans son bureau voir ce qu'il mijote. Mais où est la clé? Il y a ce jour une importante réunion dont je suis exclue ; vite son veston est suspendu, je récupère la clé de son cabinet privé. Tout est en ordre, bien classé. J'ouvre un dossier titré « question juive » ; j'ouvre et je découvre l'horreur... Vite je remet tout en ordre. Comment peut-on imaginer des choses aussi horribles. J'ai peur de m'effondrer, c'est tellement inimaginable,

Maintenant je sais vite sortir, remettre tout bien en place. Il est tellement obsessionnel !

Le temps passe, je fais comme si je ne savais pas. M'enfuir, c'est impossible : nous sommes tellement isolés et son entourage lui est tout dévoué.

Un jour, nous devons partir avec précipitation. On ne me dit rien au sujet de notre destination. Les vitres de la voiture sont teintées.

Nous roulons longtemps. Avant nôtre arrivée, il demande que l'on me bande les yeux. Nous entrons dans un lieu qui n'est pas nommé, traversons de longs couloirs et descendons des de nombreux escaliers pour arriver dans un endroit humide fermé : cela se sent à l'odeur. Là, on m'enlève le foulard. Nous sommes dans un blockhaus, bien installés avec sanitaires, cuisine, placards bien achalandés et des chambres. Je ne sais que penser, que veut-il ? Il est nerveux. Beaucoup dans son entourage s'agitent crient des ordres, j'ai peur.

Et voilà que ce personnage subitement me propose de l'épouser ce qu'il n'avait jamais exprimé malgré mes demandes répétées.

Je suis à sa merci mais que faire? Après tout cela assurera mon avenir, on ne sait jamais.

C'est fait, je suis Madame Hitler, tous les amis réunis boivent du champagne.

Après toutes ces émotions les enfants font beaucoup de bruits, la tension monte à nouveau et quelqu'un pense qu'il serait bien de se calmer, et pour cela on nous distribue un petit calmant, enfin je vais pouvoir dormir...


L'histoire raconte que les libérateurs ont découvert de nombreux cadavres, les nôtres. La guerre est finie, mais que de cadavres dans le monde.

Y a-t-il pire Barbe bleue ?








 
 
 

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