#ATELIER - BARBE BLEUE, par Marie-Françoise Chabin
- Atelier d'écriture
- 16 mars 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 avr. 2020
Marie-Françoise Chabin
BARBE BLEUE NARRATEUR
Le sang s'écoule lentement de mes multiples blessures et je sens terrifié la vie qui s'en va.
Moi, Barbe Bleue, je pensais bien que ma nouvelle épouse, comme les précédentes avant elle, ne résisterait pas. Elle est bien sûr entrée dans le cabinet interdit et elle y a découvert les cadavres de mes anciennes épouses; elle a eu si peur qu'elle a fait tomber la clé tentatrice sur le sol couvert de sang caillé. Et elle a eu beau essayer de la laver, rien n'y a fait.
C'est ainsi qu'en rentrant de voyage, en reprenant possession de cette clé tachée, j'ai compris que ma nouvelle épouse avait elle aussi cédé à la tentation, comme je m'y attendais d'ailleurs.
J’ai de plus en plus froid.
Évidemment, elle m'a supplié de lui pardonner, mais il n'en était pas question. Une épouse doit obéir, n'est-ce-pas? Elle devait mourir, ce que je lui ai annoncé.
Je ne peux plus respirer. Je suis blessé à mort, c’est certain.
J'ai fait preuve de faiblesse et je le regrette bien maintenant, je lui ai accordé ce délai qu'elle réclamait pour soi-disant «mettre ses affaires en ordre». Oui, je me suis bien fait avoir, car elle en a profité pour prévenir sa famille!
Lorsque je m'en suis aperçu, je suis entré dans une telle colère que j'ai empoigné sa splendide chevelure; et j'allais l'égorger lorsque ses frères sont arrivés et m'ont transpercé le corps de plusieurs coups d'épée.
Et voilà pourquoi à présent je gis exsangue sur les pavés glacés de la cour de mon château. Je n'ai pas d'héritier, cette garce va prendre possession de toutes mes richesses; à cette pensée, mon dernier souffle n'est que rage et fureur.
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