Gérard GIRAUD LE VENT ATELIER DU 06-11-2020
- Atelier d'écriture
- 13 nov. 2020
- 2 min de lecture
Gérard GIRAUD
Fuselage/vitesse/planer/ballon/s’envoler/venteux/Mistral/nez/inspirer/transparent
Ce que j’ai fait…
Guillaumet cherchait le passage. Il n’aurait pu dire « au-dessus » puisque son biplan plafonnait à quatre mille mètres : deux-cents mètres sous les sommets andins. Comme toujours, il fallait trouver la brèche, fuser entre deux parois. Toujours, lutter sans relâchement dans ces couloirs venteux, gros du glacial Pampero qui s’engouffrait, tentait de plaquer le fragile fuselage contre la montagne l’appareil dont la vitesse misérable ne pouvait compenser la force monstrueuse qui le malmenait.
La visibilité était, cette fois-ci, un souvenir : un ciel transparent, piqué d’étoiles immuables, bienveillantes et poétiques. Bon pour Saint-Ex. Pas pour un pilote artisan dont Daurat louait la ponctualité comme celle « d’un facteur de village ». Il faudrait encore avoir du nez, beaucoup de nez pour passer quand même, sans que le carburant ne vienne à manquer avant d’arriver au-dessus de la plaine. Là, il suffirait de planer jusqu’à Santiago dans le silence, comme dans un ballon... A la vue des lumières de la ville - presque des reflets d’étoiles -, inspirer un bon coup : cette fois encore, c’est passé. Orgueil humble de l’artisan heureux de la tâche accomplie. Il se disait aussi que, cette fois encore, il ne serait pas nécessaire de chercher son corps sans vie pour que Noëlle, son épouse, puisse toucher l’assurance-vie.
Une rafale plus violente qu’il n’a pas senti venir plaque l’appareil dans la neige, sans espoir de rétablissement. La mort au bout.
Il sentit son lit trempé par la sueur. La lune, impassible et bienveillante, caressait la chambre de l’hôtel à Santiago. Il était passé. Il se reposait de sa quatre-vingt-dixième traversée.
À la quatre-vingts douzième, à court d’essence, il pose le biplan sur un plateau. Celui-ci plante son nez en bout de course. Irréparable. L’appareil parti à sa recherche ne le voit pas, enfoui sous la neige accumulée durant la nuit. Cinq jours durant, il marche, marche, marche: « Après deux, trois, quatre jours de marche, on ne souhaite plus que le sommeil. Je le souhaitais. Mais je me disais : Ma femme, si elle croit que je vis, croit que je marche. Les camarades croient que je marche. Ils ont tous confiance en moi. Et je suis un salaud si je ne marche pas » Un berger andin le découvre. « Ce que j’ai fait, je le jure, jamais aucune bête ne n’aurait fait » dira-t-il à Saint Ex venu le récupérer à San Carlos.
Il effectuera 393 traversées des Andes. Il n’était ni des vedettes ni des grandes gueules de l’Aéropostale. C’était un Homme.

> EXERCICE 1
Je vous propose donc, comme premier exercice, de trouver un équivalant, ou un mot proche, un mot dans la même thématique pour chacun des mots proposés, en gardant leur nature de verbe, nom ou adjectif, qui soient un peu plus agréable à l’oreille.
Disons, pour parler simple, un peu plus « sexy » !
Voilà les mots proposés : Aile (nom) Allure (nom) Buller (verbe) Chambre à air (nom) Décoller (verbe) Éolien (adj.) Foehn (nom) Fragrance (nom) Insuffler (verbe) Vaporeux (adj.)
> EXERCICE 2
Vous avez trouvez vos dix mots ?
Maintenant que vous avez vos dix mots « personnalisés », vos dix mots à vous, à vous de jouer, et de les inclure dans un texte libre.
À vos plumes, à vos claviers !
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