#Raconte-moi ton arbre généalogique #Alain Marchand

Les ancêtres du château

- Dis papy, qui habite dans ce château ? - Ce sont des gens que je ne connais pas. - Et ceux d’avant tu les connaissais ? - Ils venaient de Corée du sud et ils possédaient des usines où on fabriquait des composants électroniques qui se vendaient dans le monde entier. Dans les salons de ce château les industriels recevaient leurs clients et il y avait aussi des chambres pour y passer la nuit. - On peut visiter le château ? - Il faut réserver un mois à l’avance. Les propriétaires sont obligés de proposer des visites, alors ils les annoncent sur leur dépliant mais ils se débrouillent pour avoir peu de visiteurs. Jackie et son papy se promènent dans le grand parc qui est ouvert aux habitants du village et aux vacanciers. Les orangers sont alignés tout autour de la cour qui s’espace devant l’orangerie et des animaux sauvages des régions alentour vaquent dans leurs immenses enclos. - Tes parents ils habitaient aussi un château ? - Non. Eux ils habitaient une maison dans le bas bourg avec un jardin pour les légumes, un clapier pour les lapins et un poulailler pour les œufs. Le vin venait des vignes du château. J’ai participé deux fois aux vendanges. - Et c’est bien ? - C’est difficile. J’avais mal au dos le soir en rentrant à la maison. La promenade se continue par la zone des parcs à fleurs dont les couleurs et les formes étonnent à chaque fois qu’on les regarde. - Tu aurais voulu vivre dans le grand château ? - Je te réponds oui et je vais te raconter l’histoire de mes ancêtres. - Ceux qui sont déjà morts ? - On peut le dire comme cela mais ils ont vécu toute une vie avant et c’est cette vie qui est intéressante. Papy qui s’essouffle assez vite quand il parle et marche en même temps va s’asseoir sur le premier banc qui se présente. Heureusement ils sont nombreux le long des sentiers de visite. - Ce sont les parents de mon grand-père et de ma grand mère

qui furent les derniers propriétaires de ce château qui se dresse devant nous. Ils ont dû le vendre .... - Ça fait combien de temps ? - Tout juste un siècle. Ils étaient nés ici, comme leurs parents. - C’étaient des rois? - Pas tout à fait mais ils vivaient aussi à la cour de Versailles. - Ils étaient des princes alors et toi aussi puisque tu es leur fils. Papy réfléchit. Que va t-il raconter à son petit fils ? - Moi aussi je suis un prince mais je n’ai plus de château et plus de grands domaines avec des fermes et des forêts comme le père et la mère de mes grands parents d’autrefois. - Comment tu sais tout cela puisque tu ne les pas rencontrés. C’est marqué sur leurs tombes ? - Pas sur leur sépulture. Mais il y a dans les bibliothèques des villes, de grands livres dans lesquels les prêtres inscrivaient les naissances, les mariages, les titres de propriété et les décès des paroissiens. Ces livres permettent de bâtir un arbre généalogique. Les deux promeneurs se regardent en se souriant. - Elle t’a plu mon histoire ? - Oh oui. Moi aussi je veux être un prince. - Alors écoute bien la fin de l’histoire. - Je t’écoute papy. - Merci. Il faut toujours écouter les histoires, mais ne pas trop y croire quand même, parce que ton papy aime bien inventer les contes. - Tu n’es pas un prince alors ? - Et non ! Je n’ai jamais connu mon grand-père, ni ma grand- mère. Je ne sais rien d’eux. Mon papa était orphelin et il a épousé une orpheline. Je ne suis un prince que dans ma tête. - Ça ne fait rien, l’histoire de tous ces princes, c’est rigolo. - Ah bon ! - Ben oui puisque la maîtresse nous a dit que nos plus vieux ancêtres étaient des singes. On a trouvé leurs os, leurs dents et leurs crânes dans la terre et ils sont presque comme les nôtres. - Et en quoi c’est rigolo ? - Parce que les princes se croient extraordinaires et moi je les imagine comme les singes. C’est pour ça que je les trouve rigolo. Ah, les histoires de famille ! Mieux vaut ne pas y poser les yeux.