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#Raconte-moi ton arbre généalogique #Marielle Durnerin

  • Photo du rédacteur: Atelier d'écriture
    Atelier d'écriture
  • 5 juin 2020
  • 3 min de lecture

Mais où sont les neiges d’antan ?

François VILLON



Lundi 20 juin 2020, la nouvelle est à la une du Bien Public. Gros titre : DERAILLEMENT D’UN TGV, photo impressionnante montrant le train hors de ses rails entouré de nombreuses ambulances, sous la photo, un court texte : « Hier soir, peu avant 18 h, un TGV en partance pour PARIS a déraillé à la hauteur du viaduc de LANTENAY. Attentat ou accident, aucune hypothèse n’est écartée. Les hôpitaux de DIJON, publics et privés ont été réquisitionnés pour accueillir les nombreux blessés. Heureusement, seul le dernier wagon reste suspendu au dessus du vide, la chute du reste du train a été amortie par la végétation. Des morts sont à déplorer. Plus de détails en deuxième page. »


Théo BOISSELIER, professeur des écoles à la maternelle de MÂLAIN, vient de finir sa journée de classe. Il habite à DIJON, sur le chemin du retour sa curiosité l’entraîne à aller sur les lieux de l’accident. Prudent, il laisse sa voiture à distance et c’est à pied qu’il découvre la locomotive et les voitures couchées sur le sol. Au pied du viaduc gît un wagon qui s’est écrasé au sol. Des objets disparates, des valises, des morceaux de siège, des portes, des filets… ont été projetés de toutes parts. Théo éprouve un malaise. Il se reproche son voyeurisme. Vite, il fait demi-tour, quand son pied se pose sur un cahier d’écolier. Il le ramasse et regagne son véhicule. Une fois chez lui, il regarde les informations régionales pour avoir plus de détails. Vite saturé, il éteint sa télévision et se sert un apéritif. Le cahier qu’il a ramassé est sur la table. Sur la couverture est inscrit ‘‘Pour Leïna VERGIER’’. Il l’ouvre et lit :


« Ces quelques lignes sont pour toi, Leïna, ma chérie. Je sais que je vais mourir bientôt et je souhaite te donner par écrit le nom des femmes qui nous ont précédées. Tu les connais un peu, je t’ai parlé d’elles quand tu venais en vacances au village.

Ma mère Lucie COLINOT, née en 1909 a quitté le village de COURCELLES où elle était née pour ouvrir une blanchisserie à DIJON. Elle s’est engagée dans la résistance. Elle a été déportée à RAVENBRÜCK , peu avant la fin de la guerre de 39/45. A son retour, elle a été élue conseillère municipale à DIJON, adjointe aux affaires sociales.

La mère de Lucie était Mathilde GORGEOT, née en 1882 qui était agricultrice comme l’était Lucette MATHEY, née en 1849, Marguerite COLAS, née en 1815 et Zahir GODARD, née en 1793 leurs ascendantes directes. Le père de Zahir qui travaillait à la cour de Louis XVI, comme horloger, avait fuit Versailles à la révolution. Il s’était réfugié à COURCELLES dont il était originaire. Je t’ai montré sa maison. Sur ce qui s’est passé avant sa femme et lui, je n’ai pas d’informations.

Je sais que tu hésites dans le choix de tes études. Quelque soit l’orientation que tu choisiras, garde à l’esprit qu’il faut assumer ses choix et faire le mieux possible ce qu’il nous est donné de faire.

J’ai suivi des études d’ingénieur agronome et je suis retournée travailler la terre par convictions écologistes.

Ta mère a choisi la Médecine et la recherche contre le cancer. Je suis fière d’elle comme elle est fière de toi. J’aimerais que cette fierté t’aide à tenir debout en ces temps difficiles. »


Des recettes de cuisine, des conseils pour bien cultiver un jardin suivent, ainsi que des dessins de fleurs, de plantes et de champignons.


Théo referme le cahier. Il pense à ces vacances à COURCELLES, chez son grand père Gabriel qui lui parlait, lui aussi, de GODARD chaque fois qu’il passait devant sa maison. Son aïeul exigeait sans cesse de le voir travailler. Sa grand’mère Blanche, qui brûlait ses poils de barbe avec une coquille de noix chauffée à la flamme d’une bougie, n’avait jamais de gestes affectueux. Dès qu’il l’a pu, il a refusé d’aller en vacances chez eux.


Pensif, il s’interroge : « je porte le nom de BOISSELIER mais je n’ai jamais voulu leur ressembler. Les femmes dont parle la grand’mère de Leïna, portent toutes un nom différent mais sont des modèles et une tendresse les unit. Elle est ma lointaine cousine. J’espère qu’elle n’est pas morte. Il faut que je la retrouve. J’aimerais m’inscrire dans cette filiation »


Marielle DURNERIN, 26 mai 2020





 
 
 

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